Dans les institutions de soins, on entend aujourd’hui une double demande partagée par tous : une demande de sens en général, et une demande de qualité des soins en particulier. C’est que notre société est hantée par l’économie de « pur » marché, les problèmes de l’économie publique, la mondialisation, la massification, la rationalisation, etc., et une telle société, si elle reste humaine, ne peut manquer d’en appeler au sens, au respect, à la reconnaissance individuelle.
A cet appel, les nombreux travaux consacrés à l’éthique du soin et des soins, à l’éthique clinique, à la bioéthique en général constituent un premier niveau de réponse, extrêmement important. Nécessaire, indispensable mais insuffisant. Peut-‐être même trompeur si l’on en reste là, car, après tout, le travail et le soin sont toujours « en situation ». La bonne volonté et le désir de bien faire s’exercent toujours en un lieu, quelque part, au sein d’un contexte, dans le cadre d’une organisation. Et ce « contexte » détermine peu ou prou le « texte ». Les circonstances conditionnent et caractérisent l’action. Il est donc urgent de développer une éthique organisationnelle des soins de santé, sans laquelle on risque de tomber dans un idéalisme de mauvais aloi, où chacun fait le « bien », naturellement, sans organisation, sans coût, sans budget, sans contraintes financières ou matérielles. Une éthique vaporeuse autrement dit…
Précisément, l’éthique organisationnelle cherche à contextualiser et à déterminer les conditions de l’exercice des soins de qualité. Elle prétend ramener sur le sol de la réalité concrète et ambivalente le désir réel de bien faire, l’idéal soignant. Un soin idéalisé est un soin mal vécu, mal offert, mal réalisé. Il s’agit d’à la fois tenir l’idéal, le possible et le réel. Autrement dit de travailler au changement, au progrès, à l’amélioration.